L'EAU SAUMÂTRE
La Mangrove
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La mangrove : une forêt dans la mer
A perte de vue, une frange verte barre le rivage : la mangrove, fascinant carrefour entre milieu marin et milieu terrestre. Terre, mer, sol et air s’y rejoignent. Dans les zones littorales tropicales, des palétuviers poussent dans l'eau saumâtre. Les racines s'enchevêtrent et servent de refuge aux poissons. La mangrove est une transition entre les fleuves et l'océan.
La mangrove, véritable forêt amphibie, est l’un des milieux les plus durs. Les espèces qui l’habitent ont dû apprendre à supporter d’énormes modifications de salinité, et, tour à tour, une immersion et une émersion totales... bref, repousser en permanence les limites de leur résistance, oublier le milieu terrestre pour s’avancer aussi loin que possible dans l’océan. Chaque jour, au gré des marées, crustacés et poissons, insectes et oiseaux échangent leurs places, apprennent à ramper pour gagner la terre, ou, au contraire, à vivre les pieds dans l’eau.
Les mangroves s'étendent souvent dans les régions subtropicales le long des rivages orientaux des continents et des grandes terres émergées où les eaux tièdes des courants marins littoraux favorisent leur développement : Guinée, Guadeloupe, Martinique, Madagascar, etc...
La mangrove s’étend assez loin dans les rivières (des fois jusqu’à 50 km à l’intérieur des grands fleuves) où l’action des marées est notoire et l’eau est plus ou moins saumâtre (les embouchures). En Basse Guinée, cette forêt s’étend sur toute la côte atlantique guinéenne sur plus de 300 Km de longueur. La superficie de la mangrove est estimée à 250.000 ha.
La mangrove se développe uniquement dans le littoral peu profond des mers du
sud. Les alluvions limoneuses apportées par les fleuves se déposent dans la
mer peu profonde. C'est alors que des palétuviers prennent racine dans ce matériel
instable et parviennent à fixer ces dépôts d'alluvions. Les mangroves
colonisent aussi bien les fonds vaseux que les plateaux rocheux ou coralliens.
Microorganismes, invertébrés et poissons, mais aussi insectes, oiseaux,
reptiles, et même quelques mammifères terrestres s’y installent. La mangrove
produit une énorme quantité de matière organique, grâce en particulier au
taux de renouvellement des feuilles de palétuviers : cinq tonnes par an et par
mètre carré. Une richesse dont profitent aussi les herbiers et les récifs
avoisinants, qui reçoivent à chaque marée des tonnes de détritus, dissous
dans l’eau ou sous forme de particules en suspension. Et les quinze millions
d’hectares de mangrove bordant encore les côtes tropicales et subtropicales,
soit 25% environ du littoral, jouent un rôle de protection indispensable. Grâce
aux nouvelles pousses de palétuviers, gagne en permanence du terrain sur la mer
La mangrove est périodiquement inondée par la mer, notamment par marée haute,
si bien que les essences la constituant sont dotées de racines aériennes
permettant au végétal et à son houppier de rester hors de l'eau.
Les mangroves assurent de nombreuses autres fonctions dont la stabilisation des littoraux, la prévention de l’érosion, le filtrage biologique, et servent aussi de piège pour plusieurs polluants. La mangrove constitue un excellent brise-lames en cas de tempête. Elle demeure le rempart naturel le plus efficace contre l’érosion du littoral, en fixant les sols. Les palétuviers lui permettent même de gagner du terrain sur la mer.
La nature a transformé le palétuviers en formidable outil de colonisation. Le palétuvier peut être considéré comme «vivipare». La germination a lieu directement sur l’arbuste. L’embryon traverse le fruit, puis développe une petite plante, qui peut atteindre trente centimètres. Suspendue à l’arbre, cette plante se détache à maturité. A marée basse, grâce à sa forme de fléchette, elle se plante dans le sol. A marée haute, elle part à la dérive, suit le courant, se gorge peu à peu d’eau, sombre et se planter à son tour sur le fond, à proximité d’un rivage. Ces plantes donnent ainsi naissance à de petits palétuviers.
Le palétuvier a inventé le principe du tuba. Ses racines ne parvenaient pas à s’oxygéner dans le sol, il s’est équipé de «pneumatophores», racines aériennes à marée basse, sortes de tubes spongieux qui ressortent du fond et lui permettent de respirer. Il a également trouvé une parade pour être capable d’assimiler l’eau contenue dans le sol, sans souffrir de se salinité. La nature a imaginé de diluer sa sève, en lui permettant d’aspirer de l’eau. Et pour évacuer l’excès de sel, certaines espèces possèdent des glandes excrétrices qui le rejettent, les autres se gonflent d’eau douce pour le diluer.
Cette forêt de palétuviers finit par créer un enchevêtrement des racines aériennes plongeant dans la mer à marée haute et qui constitue le paysage caractéristique de la mangrove.
Ces mangroves sont souvent reproduites dans les aquariums publics pour faire découvrir cet environnement si particuliers. par exemple, à l'aquarium de saint malo : Les mangroves présentées sont très réussies et l'on peut y découvrir de nombreuses espèces connues dans le milieu aquariophile : Scatophagus argus, Monodactylus , Toxotes , Tetraodon , Anableth.